Depuis la généralisation du télétravail, les conditions de travail ont changé. Si cette organisation séduit de plus en plus d’agents, elle peut aussi générer de nouvelles formes de risques psychosociaux. La dernière publication de la DARES (mars 2025) alerte sur ces effets souvent invisibles mais bien réels.
Télétravail : une pratique en hausse… et pas sans conséquences
En 2023, 26 % des salarié·es ont recours au télétravail, au moins occasionnellement. Autonomie, réduction des déplacements, souplesse dans l’organisation des journées : les avantages sont reconnus. Mais ces transformations ont aussi un revers. La DARES identifie trois grandes familles de risques psychosociaux liés au télétravail :
1 – Isolement et distanciation des liens sociaux
- Isolement professionnel : Moins d’échanges informels, affaiblissement des collectifs de travail
- Éloignement de la hiérarchie : Moins de clarté sur les attentes, supervision réduite, risques de malentendus
- Tensions communicationnelles : Échanges numériques propices aux incompréhensions
- Risques de cyber-harcèlement accrus
- Impact sur la représentation du personnel : lien affaibli avec les représentants syndicaux.
Travailler à distance peut générer un sentiment d’isolement vis-à-vis des collègues et de la hiérarchie. Les échanges informels disparaissent, la communication se dégrade, et le collectif de travail se fragilise. À long terme, cette distance peut peser sur la qualité du travail et l’évolution professionnelle.
2 – Intensification et surcharge mentale
- Amplitudes horaires étendues : Horaires plus longs, débordement sur les soirées ou week-ends
- Autocontrôle et redevabilité : Les salariés cherchent à prouver leur engagement à distance
- Hyper connectivité : Sollicitations constantes, difficultés de déconnexion, pression à être toujours disponible
- Présentéisme numérique : Travailler même malade pour « rester visible ».
Horaires étendus, pression de répondre immédiatement, visioconférences en chaîne, notifications à toute heure… Le télétravail favorise une hyperconnectivité qui brouille les limites entre temps de repos et temps de travail. Cette surcharge peut mener à un épuisement mental, voire au présentéisme numérique (travailler même malade).
3 – Conciliation vie pro / vie perso : un équilibre précaire
- Brouillage des frontières : Le travail empiète sur la sphère privée
- Inégalités de genre : Les femmes, en particulier les mères, cumulent charge professionnelle et charge domestique
- Conditions matérielles inégales : logement exigu, absence d’espace de travail dédié
- Risque de violences domestiques accru en cas de tensions familiales.
Si le télétravail offre de la flexibilité, il accentue les inégalités, notamment entre les femmes et les hommes. Les femmes, souvent plus sollicitées pour les tâches domestiques, cumulent charge mentale et obligations professionnelles. Le risque d’une réassignation au domicile (travail + tâches familiales) est réel.
Des points de vigilance pour les employeurs publics
Le rapport rappelle que le télétravail ne peut être efficace et bénéfique que s’il est encadré :
- droit à la déconnexion,
- soutien managérial adapté,
- écoute des besoins individuels,
- organisation du travail équitable,
- prévention des risques.
La CFDT vigilante et mobilisée
La CFDT continue de défendre un télétravail volontaire, encadré et protecteur pour les agents. Il ne doit ni dégrader les conditions de travail, ni renforcer les inégalités. Il est essentiel que les employeurs publics prennent en compte ces enjeux dans les négociations locales et adaptent leurs politiques RH aux réalités du terrain.